L'Écho de Bethléem et le Frère Évagre

Février 2017

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L’entrée des Frères des Écoles chrétiennes en Palestine résulte

  • du désir d’œuvrer en Terre Sainte (désir exprimé par le Chapitre général des Frères de 1875),
  • et de l'intervention, en 1876, du Patriarche latin de Jérusalem auprès de la Congrégation romaine de la « Propaganda Fide » (pour l’évangélisation des peuples) en vue d’obtenir des Frères.

Le Frère Évagre réussit toutes les démarches et fait construire à Jérusalem un bâtiment qui reçoit ses premiers élèves en 1878.

L’appel de la Terre Sainte

Le Frère Évagre vers 1910, Provincial de SyrieAlexis Joseph Longuenesse est né à Saint-Omer en 1831. Élève des Frères de cette ville, il est admis au Noviciat en 1850 et devient le Frère Évagre.

Suite à une forte expérience spirituelle, il demande et obtient, en 1862, l’autorisation de ses Supérieurs d’aller enseigner au Proche-Orient. En 1874, il dirige un pèlerinage de Frères aux lieux saints et prépare les voies à l’établissement des Frères en Palestine.

« Pendant 38 ans, écrit sa notice nécrologique, il travaillera sans relâche pour la cause de Dieu, de l’Institut et de la France ».

Pour la cause de Dieu, il a l’ambition de doter d’une école de Frères les villes de Jaffa (1882), Haïfa (1883), et surtout Bethléem et Nazareth (1893). Avec le Frère Hugonis, il favorise l’implantation des Frères au Liban.

Dévotion au Très Saint Enfant Jésus et Bethléem

Dans les plans du Frère Évagre, Bethléem sera le centre de formation des jeunes Frères au Proche-Orient. Il obtient les autorisations nécessaires : en 1890, il fait bénir sur la colline de David la première pierre de la maison dédiée au Très Saint Enfant Jésus. Le Petit-Noviciat Enfant.

Le Chapitre général de 1905 permet au Frère Évagre de présenter son projet de Confrérie du Saint-Enfant Jésus, reconnue par le patriarche de Jérusalem en juillet 1907, et que le pape Pie X transforme en Archiconfrérie en 1909.

L’Archiconfrérie du Très Saint Enfant Jésus
et sa chapelle à Bethléem

Le but de l’Archiconfrérie est d’obtenir, par la médiation du Très Saint Enfant Jésus :

  • Que Dieu ait la première place dans tout établissement d’éducation ;
  • Que maîtres et élèves soient libres, partout et toujours, d’observer les lois de Dieu et de la Sainte Église ;
  • Que la foi des enfants ne soit pas mise en péril dans les écoles neutres ou hostiles à la foi chrétienne ;
  • Que les vocations apostoliques se multiplient et procurent aux enfants des éducateurs religieux et des maîtres chrétiens.

La statue de l'Enfant Jésus au sommet du clocherLe 21 novembre 1912, Frère Évagre reçoit le prix Montyon décerné par l’Académie française soulignant son "action pour la prééminence du français au Levant ".

Les 6 000 francs du prix l’aideront à surmonter la chapelle de l’Archiconfrérie d’une grande horloge dont le carillon de 8 cloches sonne à chaque heure : "Il est né le divin Enfant".

La grande statue de l'Enfant Jésus est placée au-dessus du carillon. "Élever sur notre colline de Bethléem une chapelle qui, vue de loin, serait comme un cri vers le ciel...", écrit Frère Évagre.

Le Frère Évagre développe l’Archiconfrérie du Très Saint Enfant Jésus qui atteint déjà 200 000 inscrits, principalement dans les maisons de Frères, dans celles d’autres Instituts et dans plusieurs séminaires.

Ce nombre de 500 000, atteint en 1925, est vite dépassé : 1 030 000 en 1933. Ne dit-on pas 3 000 000 en 1955 (Circulaire de l'Institut, n° 349) ?

La décentralisation est nécessaire

En 1933, des confréries affiliées à l’Archiconfrérie étaient établies en France, Belgique, Espagne, Bulgarie, Turquie, Égypte, La Réunion, Cameroun, Indochine, Indes, Philippines, Canada, États-Unis, Brésil, Venezuela, Colombie et Argentine.

Comme l’écrira le P. Lagrange en 1914, à l’occasion de la mort de son ami :

« 500 000 enfants, groupés dans l’Archiconfrérie du Saint-Enfant Jésus, apprendront à connaître le nom de celui qui mit au service des enfants tout son esprit et tout son cœur, afin de les gagner à Jésus. ».

L’Écho de Bethléem, messager mensuel de l’Archiconfrérie du Très Saint Enfant Jésus

Un bulletin, L’Écho de Bethléem, est lancé en 1910, surtout pour la France et les pays sous son influence. Les archives lasalliennes en conservent une collection de 1920 à 1952.

Des éditions sont aussi réalisées dans d’autres pays 

  • Espagne : El Eco de Belén, Bugedo, puis Vida y Luz, Griñon, (qui reprend à Madrid après la guerre civile),
  • Italie : L’Eco di Betlemme, Rome,
  • Canada : Bulletin du Très Saint Enfant Jésus, Montréal,
  • États-Unis : The Little Messenger of the Divine Infant, New-York,
  • Chili : El Mensajero de la Archicofradia del Santissimo Niño Jesus, Santiago,
  • Panama : Informe del año
  • et Irlande : The Messenger of the Divine Infant, Waterford.

Nous parlerons désormais de la seule édition française

La guerre de 1914-1918 chasse les Frères de Bethléem.
L'Écho de Bethléem reparaît en 1920, tous les 2 mois, et devient bientôt mensuel.
À partir de 1923, il est imprimé à Paris (16e), par les Orphelins-Apprentis d’Auteuil.

Tirage : 10 000 exemplaires en 1939 ; (les hostilités n’arrêtent guère la publication : seulement 7 mois d’interruption) ;
20 000 en 1942, 25 000 en 1943, 32 000 en 1946, 35 000 en 1947.

En 1948, le bulletin est imprimé en héliogravure et le format passe de 13 x 20,5 cm à 16 x 22,5 cm.

Évolution de la revue

La page d'humour...L’Écho ressemble de plus en plus aux autres bulletins catholiques pour la jeunesse avec aventures à suivre, bandes dessinées, “Rions un peu” et mots croisés.

Les rubriques concernant les Frères deviennent plus fréquentes, jusqu’à fournir quelques numéros consacrés uniquement aux œuvres des Frères des Écoles chrétiennes ou à saint Jean-Baptiste de La Salle (1950).

Quelques indications intéressantes 1920-1952

1. Outre des nouvelles de l’Archiconfrérie, l’Écho offre des articles courts à la portée des enfants : le pays de Jésus (dans presque tous les numéros), Jésus adolescent, doctrine et piété, lectures édifiantes, le Sacré-Cœur, Marie, Joseph, l’Eucharistie, causes de béatification, nouvelles de maisons de Frères où l’Archiconfrérie est bien vivante, saints et saintes qui ont eu une dévotion spéciale à Jésus Enfant ; à partir de 1925, il y a aussi des pièces de théâtre religieux.
La page des petitsOn voit apparaître “la page des petits” (il faut au moins 7 ans pour être inscrit à l’Archiconfrérie), “la page des grands” et, plus tard “pour les filles”.

2. Directement en rapport avec l’Archiconfrérie, plusieurs numéros parlent de la statue monumentale en fer doré de Jésus Enfant qui surmonte la chapelle : 3 m de hauteur, 1 800 kg…

3. Parfois se glissent dans le bulletin des nouvelles plus générales mais ciblées :
- l’enseignement catholique subventionné en Angleterre
- et l’État italien soutient financièrement ses Missions (décembre 1922),
- la liberté d’enseignement protégée par la Cour suprême des États-Unis (octobre 1925).

4. Quels échos de la guerre ?

-  Prêtres et religieux mobilisés, dont 1 038 Frères des Écoles chrétiennes (mai 1940) ;

Paroles de soldats (juin 1940) ;

Chez nos prisonniers (la vie religieuse dans un stalag),

Jésus à Buchenwald (octobre 1945) : il s’agit d’un Frère qui conserve des hosties consacrées.

-  Et, à Lyon, en une époque différente : Martyr de l’école chrétienne à la Croix-Rousse (avril 1943).

5. Enfin, l’évolution des pages de couverture manifeste une ouverture apostolique à bien d’autres mouvements chrétiens de jeunes : Croisade eucharistique (devenue MEJ, Mouvement Eucharistique des Jeunes), Scoutisme, JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), Cœurs Vaillants (en milieux populaires), JEC (Jeunesse Étudiante Chrétienne) et, plus tardivement, Légion de Marie.

Frère Alain Houry

Ce diaporama montre l'évolution de la revue
à travers les pages de couverture.

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