L'alguier des Frères de l'école Saint-Michel du Havre

Novembre 2017

Tous les documents publiés

L'école de la paroisse Saint-Michel du Havre

Les Frères sont arrivés au Havre en 1822. Ils ont ouvert une école sur la paroisse Saint-Michel en 1846. Celle-ci se développe rapidement sous l’impulsion du Frère Anselmus (Pierre Gransard), en fonction entre 1851 et 1889 et s’adjoint l’école Saint-Vincent, ouverte en 1854.

* En 1873, le Frère Anselmus fonde la société des anciens élèves des Frères du Havre, une des premières du genre.

* En 1875, les Frères s’associent à la fondation du patronage paroissial.

* En 1880, alors que la plupart des établissements sont en passe d’être laïcisés et envisagent de se reconstituer à l’état libre, est fondé le comité havrais pour la liberté de l’enseignement. Saint-Michel doit fermer en 1882.

* En juin 1883, l'école rouvre comme école libre, avec l’appui du comité. Elle est installée dans un bâtiment neuf construit en 6 mois.

* L’école Saint-Michel ferme définitivement en 1908, en conséquence de la loi du 7 juillet 1904 qui interdit l'enseignement aux congrégations religieuses. Quelques Frères sécularisés maintiendront une présence scolaire et pastorale au Havre jusqu’en 1937.

Laboratoire ; cartes et planches

Expositions internationales et universelles

L’école Saint-Michel du Havre est une habituée des expositions internationales (Londres 1885, Chicago 1893) et universelles (Paris 1900). Sa section de comptabilité spécialisée dans les activités commerciales portuaires y a présenté de nombreux objets et panneaux exposant tous les aspects des activités humaines en mer, dans l’esprit du cahier des charges publié par le ministère de tutelle pour l’exposition de 1900.

Des documents qui nous sont parvenus, et qui ont été en partie récompensés à Paris, nous exposons ici un alguier de 40 planches intitulé :

« Plantes marines recueillies sur le littoral de la Manche,
principalement dans la partie comprise entre Le Havre et Fécamp »

Celui-ci a été exposé dans la catégorie « herbier d’élèves et de maitres ».

Description de l'alguier

Les lieux de collecte

Une algue rouge

Ces échantillons d’algues vertes, rouges et brunes – selon la classification de Lamouroux (1779-1825) – collectés vers 1823 et 1872 (trois échantillons datés), proviennent de Brest, Cherbourg, Saint-Malo, Saint-Vaast, Sainte-Adresse, Tatihou et pour l’essentiel de Bruneval.
Saint-Jouin-Bruneval (nom de la commune depuis 1950) est une valleuse (dépression de terrain donnant accès à la mer, en pays de Caux) située à 20 km au nord du Havre, et était une station balnéaire à la mode à la fin du XIXe siècle.

L’alguier comprend

  • six planches de format 15x22 cm en papier épais sans indications,
  • et trente-quatre chemises de format 24x32 cm où les échantillons sont parfois présentés sur des feuillets blancs collés sur la chemise de couleur grise.

L’état de conservation est excellent.

Une composition hétéroclite

Un échantillon d'algue

Les échantillons de présentation très hétérogène (collage direct ou sur supports variés) sont de collecteurs inconnus, même si deux d’entre eux sont signés (AE et M. Chauvin). La réalisation d’herbiers et leurs échanges étaient des pratiques courantes à cette époque « savante ». La diversité des graphismes des identifications (une dizaine), écrits parfois de façon maladroite sur des fragments de papier quadrillé laisse penser que ce sont les élèves qui les ont rédigés. Les annotations au crayon ou à l’encre rouge sont fréquentes.

Une identification parfois difficile

Les identifications sont révélatrices des incertitudes botaniques propres à la phycologie et mentionnent régulièrement plusieurs synonymes : callophyllis, rhodophyllis et halymenia, trois genres cités pour un même échantillon d’algue rouge, par exemple.
Le contexte de la cueillette est souvent indiqué : sur les pierres à mi-marée, sur les rochers, dans les flaques, sur les bouées, etc.

On y trouve des bryopsis, codium-béret basque (algue verte), des chondria, corallina-sapin de mer, sphaerococcus (algues rouges) et des fucus, phyllacantha, chordaria, cladostephus, cystoceira, acsophyllum (algues brunes).


Les vertus cosmétiques, pharmaceutiques ou alimentaires, ou autres propriétés plus ou moins bénéfiques, ne sont pas mentionnées. Les algues ne deviendront un adjuvant à l’avenir de l’humanité qu’au siècle suivant !


Bruno Mellet

Étiquette avec une correction
Le Frère Anselmis obtient une médaille d'argent pour l'alguier