Petite philatélie lasallienne

Juillet-Août 2022

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C’est à l’occasion du tricentenaire de la naissance de leur fondateur que les Frères des Écoles chrétiennes émettent, à son effigie, le premier timbre lasallien en avril 1951. Dès auparavant, au gré de l’internationalisation de leur communauté et de l’intensité des échanges épistolaires, de nombreux Frères ont été saisis de passion philatélique à des fins pédagogiques, culturelles, artistiques, mais également… financières.

Présentation d'un timbre de Jean-Baptiste de La Salle au Nicaragua

L'œuvre des timbres

Née en Angleterre avec le premier timbre en 1840, la philatélie prend forme et s’organise rapidement. L’une des toutes premières bourse aux timbres, le carré Marigny à Paris, est active dès 1865. Tout devient matière à collection au fur et à mesure que la production de timbres se diversifie pour nourrir les passions et faire naitre des récits : matériau, texture, filigrane, dentelé, impression, surimpression, coloration, défauts, thématiques… avec l’infinie déclinaison associant enveloppes, cartes et oblitérations.

Émission de timbres, premiers jours, anniversaires

En 1872, le Frère Jean-Marie Mallaret (Alarin-Marie,1837-1911), originaire de Celles-sur-Durolle (63), est secrétaire à la Maison-Mère de l’Institut, rue Oudinot à Paris. Il est sollicité pour prendre sous sa protection quelques orphelins de son Auvergne natale.

Frère Alarin-Marie (Jean Mallaret)

Parallèlement, il découvre que certains de ses collègues sont en compétition – fraternelle – pour collectionner des timbres venus des correspondances des Frères présents dans le monde entier. Certains pratiquent même l’échange et le négoce auprès de marchands spécialisés pour financer diverses œuvres charitables. Avec le soutien des responsables de la Maison et à la faveur d’un chapitre général induisant un grand afflux de courrier, le Frère Mallaret se constitue un réseau conséquent de correspondants.

Vers 1879, les Frères originaires de la commune de Celles-sur-Durolle – ils sont huit - sont informés du souhait de leur communauté chrétienne locale d’origine d’ouvrir une école de Frères dans le village et de son souci d’en trouver le financement alors même que l’Institut – on est en pleine période de laïcisation – répond désormais par la négative aux demandes de nouvelles ouvertures. Fort de son pécule « philatélique » et de la confiance de ses Supérieurs, c’est le Frère Mallaret qui prend la main et s’engage à assurer les compléments de financement nécessaires à l’achat du bâtiment et au fonctionnement de l’établissement. Il va animer, durant des années, son réseau de collecteurs de vieux timbres via son bulletin périodique, l’Œuvre des timbres en faveur de l’école de Celles, Puy-de-Dôme. De La Réunion, de Ceylan, d’Arménie, d’Amérique latine, etc. vont ainsi affluer en 15 ans… 40 millions de timbres estimés à deux tonnes… Pour la légende et la postérité : l’école Saint-Joseph, l’école des timbres, ouvre en 1885… et fête son centenaire en 1985.

L'école des timbres de Celles-sur-Durolle

Une passion éducative

Si la valorisation monétaire des timbres est pratiquée par de nombreux collectionneurs pris dans des réseaux où tout s’échange et se désire (dans un marché devenu par ailleurs très professionnel), elle est le plus souvent annexe et sporadique chez les religieux portés par le souci philanthropique autant que philatélique.

Une activité de collection thématique pourra nourrir une passion missionnaire, une dévotion particulière, une matière pédagogique enseignée, etc. Et s’il y a les collections « placards » - privées - les collections « vitrines », elles, sont exposées dès qu’une occasion se présente à l’école ou à la paroisse.

Si les timbres rares et précieux sont soigneusement conservés, les surplus échangés au kilo peuvent être utilisés pour la réalisation d’œuvres d’art.

Ainsi le Frère Paternus (Carolus Stofs,1836-1901) consacre ses loisirs à réaliser des mosaïques de timbres pour représenter de célèbres tableaux religieux dont certains sont primés à Vienne, son diocèse d’origine, et à Paris. Sa copie de « la Cène » de Vinci est son chef-d’œuvre, encore mentionné vers les années 1930 à l’orphelinat de Vienne Währing.

Dimension pédagogique de la philatélie

Le plus souvent, la timbrologie se partage avec les élèves par l’intermédiaire de clubs philatéliques ou de rubriques régulières dans divers médias « maisons » comme le mensuel l’Étoile, à diffusion nationale, à partir de 1954, ou de nombreux périodiques d’établissement : la collection s’y fait récit à visée éducative.

Nos archives conservent le volumineux héritage de nombreux Frères collectionneurs.

Collections lasalliennes

Particulièrement mis en valeur, nous conservons trois classeurs de planches philatéliques très certainement utilisés pour des expositions retraçant l’épopée lasallienne : histoire de sa fondation, saints Frères, Frères savants, anniversaires d’établissements, etc.

Relativement limitée en nombre, la collection n’en est que plus à la portée de tous. Elle est constituée d’environ 70 timbres. Il faut mentionner également plus d’une centaine d’oblitérations postales… quasi impossible à inventorier par ailleurs. 

C’est à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Jean-Baptiste de La Salle que la collection débute en 1951 : les trois premiers pays émetteurs sont la France, Panama et le Brésil.

Les éditions s’enchainent ensuite, essentiellement centro et sud-américaines, avec un pic dans la décennie 1980.

L’un des derniers en date connu commémore le 125e anniversaire du pensionnat du Sacré-Cœur à Beyrouth, édité en 2019.

Portraits de Jean-Baptiste de La Salle
Saint lasalliens
Des Frères savants
Anniversaires, commémorations

On pourra élargir la collecte de ces œuvres d’art miniatures aux timbres oblitérés ou non, aux enveloppes « premier jour », aux cartes-maximum, aux courriers commémoratifs, aux timbres surimprimés, avec ou sans erreurs, aux feuilles de timbres et aux blocs de quatre, aux innombrables enveloppes timbrées, ou avec des thématiques englobant les œuvres lasalliennes au sens le plus large.

C’était avant l’âge du courrier électronique… Collectionner des timbres reste une passion à la portée de tous, souvent passagère et initiatique durant l’enfance, plus engagée lorsqu’elle renait à l’âge de la sagesse. La petite note lasallienne vaut le détour.

Bruno Mellet

Documents du mois déjà publiés

Annexe : hommage philatélique au Frère Benigno Román, naturaliste

Frère Benigno Román
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