Au service de la mission de l'Institut : une pédagogie

La mission

"L’Institut des Frères des écoles chrétiennes est une Société dans laquelle on fait profession de tenir les écoles gratuitement." (RC 1,1)

« La fin de cet Institut est de donner une éducation chrétienne aux enfants, et c'est pour ce sujet qu'on y tient les écoles »...(RC 1,3 )

"Cet Institut est d'une très grande nécessité parce que les artisans et les pauvres, étant ordinairement peu instruits et occupés pendant tout le jour pour gagner la vie à eux et à leurs enfants, ne peuvent pas leur donner eux-mêmes les instructions qui leur sont nécessaires et une éducation honnête et chrétienne. » (RC 1,4 )

Une nouvelle organisation de l'école

En concertation permanente avec les premiers membres de l'Institut, Jean-Baptiste de La Salle devient novateur en pédagogie. Il écrit la « Conduite des écoles chrétiennes », un livre qui guide toute la pratique des Frères depuis la fondation et inspire aussi aujourd'hui celle des partenaires laïcs.

La Conduite des écoles

Des nouveautés en pédagogie

Voici quelques caractéristiques de cette pratique pédagogique.

Les principales innovations

  • L'enseignement simultané
    Jusque-là, le maître s’occupait individuellement des enfants. Pendant ce temps, les autres restaient inactifs. Dans les classes des Frères, les élèves sont groupés par niveau (« l'ordre »).
  • L'apprentissage de la lecture dans la langue maternelle
    Jusque-là, on apprenait à lire d'abord en latin.
  • Le sens pratique dans l’enseignement
    Les élèves travaillent sur des contrats, des imprimés et autres documents dont ils auront à se servir plus tard.
  • Une sérieuse formation des maîtres
    Ce fut chez le fondateur un souci constant. Formation tout à la fois chrétienne et pédagogique.
  • L'éducation de tout un peuple et non plus des seules élites
    C'est pourquoi il insiste tant sur la gratuité scolaire.

Un large éventail scolaire

Jean-Baptiste de La Salle et ses disciples n'ont pas ouvert qu'un type d'école. Ils ont répondu, d'une manière adaptée, aux diverses demandes. Ils ont créé :

  • des écoles primaires, gratuites, organisées par classe, adaptées aux enfants (sans latin...),
  • des écoles normales ou "séminaires des maîtres". C'est pourquoi on a appelé quelquefois Jean-Baptiste de La Salle « l'instituteur des instituteurs »;,
  • des écoles du dimanche : rattrapage et complément de formation pour les jeunes apprentis,
  • des écoles du soir : alphabétisation des adultes, souvent dans les campagnes, pendant la période hivernale,
  • des classes professionnelles, préparant à un métier, pour des immigrés, pour les fils des bourgeois et des commerçants,
  • des « pensions de force » pour la rééducation des enfants difficiles et des jeunes délinquants...

Les idées d'avant-garde

  • Connaître l'enfant
    Le maître s'intéresse à son milieu social et familial, chaque écolier a son dossier. Tous les mois, les élèves peuvent changer « d'ordre » ou de division, s'ils sont arrivés au niveau.
  • Adapter l'attitude éducative au caractère de l'enfant
    Jean-Baptiste de La Salle écrit par exemple : « On s'abstiendra de corriger les enfants dans le commencement qu'ils viennent à l'école. Il faut commencer par connaître leur esprit, leur naturel et leurs inclinations. »
  • Faire participer l'élève à son enseignement
    Le maître demande un effort personnel, pose des questions, laisse chercher l'écolier, demande des travaux pratiques (composer des problèmes, rédiger des quittances...). Le maître parle peu. Pas de cours magistraux.
  • Faire participer l'élève à la vie de l'école
    On établit tout un système de services pour la communauté.
    Par exemple :
    - le clavier : il ouvre et ferme les portes de l'école
    - l'aumônier : il ramasse le pain et les fruits en trop pour les donner aux plus démunis
    - le sonneur : il sonne le début et la fin des classes
    - les premiers de banc : ils marquent les absents et jouent un rôle de leader pour leur « banc »
    - les visiteurs des absents, 2 par quartier : ils vont voir les écoliers malades, etc.
Le maître d'école avant Jean-Baptiste de La Salle

Avant Jean-Baptiste de La Salle, le maître d'école ne s'occupe que d'un élève.

(D'après une gravure d'Abraham Bosse dans
Saint Jean-Baptiste de La Salle, Fernand Laudet, p. 37)

Les Archives lasalliennes présentent cette histoire de l'enseignement en France

Aux XVIII e et XIX e  siècles, le développement de l'enseignement élémentaire en France est largement inspiré de la Conduite des écoles

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